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Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 1, René Guénon, éd. Éditions Traditionnelles, 1971 |
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qu’initiatique, et certainement incompatible avec la constitution d’un « Ordre » quelconque.
Juillet 1936 Albert Lantoine. Histoire de la Franc-Maçonnerie française : La Franc-Maçonnerie dans l’État. (Émile Nourry, Paris). – Ce livre fait suite à un premier volume intitulé La Franc-Maçonnerie chez elle, paru il y a une dizaine d’années, mais il peut aussi fort bien se lire séparément. L’auteur, en y étudiant les rapports qu’a eu la Maçonnerie avec les divers gouvernements qui se sont succédés en France depuis Louis XV jusqu’à la troisième République, fait preuve d’une remarquable impartialité, et cette qualité est d’autant plus louable qu’elle se rencontre plus rarement quand il s’agit d’un pareil sujet, qui n’est généralement traité qu’avec un parti-pris fortement accentué dans un sens ou dans l’autre. Aussi lui arrivera-t-il sans doute de déplaire à la fois à la plupart des Maçons et à leurs adversaires, par exemple lorsqu’il démolit la légende qui veut que la Maçonnerie ait joué un rôle considérable dans la préparation de la Révolution, car, chose curieuse cette légende, qui doit sa naissance à des écrivains antimaçonniques tels que l’abbé Barruel, a fini par être adoptée, beaucoup plus tard, par les Maçons eux-mêmes. À ce propos, il est à remarquer que, parmi les personnages du XVIIIe siècle qui sont communément regardés comme ayant été rattachés à la Maçonnerie, il en est beaucoup pour lesquels il n’y a pas le moindre indice sérieux qu’ils l’aient jamais été réellement ; c’est le cas, entre autres, de la très grande majorité des Encyclopédistes. Où l’auteur se départit un peu de son attitude impartiale, à ce qu’il nous semble, c’est quand il parle de ce qu’il appelle la « responsabilité des hauts grades » à l’origine de la légende susdite ; il le fait à la façon de quelqu’un qui ne paraît pas penser qu’il puisse y avoir dans ces grades quelque sens plus ou moins profond, à tel point qu’il va jusqu’à les qualifier de « jeux sans importance », mais « d’une maladresse insigne », ce qui est une vue bien « profane » ; et pourquoi, tout au moins, ne relève-t-il pas l’énorme fantaisie des interprétations de mots hébraïques figurant dans un rituel reproduit (p. 152) d’après un adversaire ? Ceci se rattache d’ailleurs à une critique plus générale que nous pourrions formuler à l’égard de cet ouvrage : c’est qu’on y sent parfois percer une tendance à traiter trop légèrement tout ce qui touche au symbolisme et au rituel ; mais, en raison du sujet même, ce défaut n’est pas très apparent, et, en somme, il n’enlève rien au mérite et à l’intérêt très réels que présente un tel travail au point de vue proprement historique, qui est bien celui où l’auteur a entendu se placer. André Lebey. La Vérité sur la Franc-Maçonnerie par des documents, avec le Secret du Triangle. (Éditions Eugène Figuière), Paris. – Ce livre est un recueil de discours prononcés au Grand Chapitre du Grand-Orient de France ; et l’auteur, en les réunissant ainsi simplement sans y ajouter aucun commentaire, s’est proposé de montrer ce que sont les travaux des hauts grades, et de rectifier par la même les idées fausses que le public se fait généralement à ce sujet. Nous ne pouvons songer ici à résumer ni même à énumérer toutes les questions d’ordre divers qui y sont abordées ; signalons seulement, parmi celles que l’auteur propose à l’étude des Ateliers des hauts grades comme particulièrement importantes, celle des rapports de l’Orient et de l’Occident, sur laquelle il développe des considérations intéressantes, bien qu’on puisse regretter qu’une connaissance trop indirecte de l’Orient lui fasse accorder un peu trop d’importance à certaines vues occidentales contestables, comme celles de Spengler et de Keyserling par exemple, ou aux déclarations de quelques Orientaux beaucoup moins « représentatifs » qu’il ne paraît le croire. Ajoutons à ce propos que l’idée d’une entente entre les différentes civilisations basée sur la constitution d’un « nouvel humanisme », étendu fort au-delà des étroites limites de la seule « culture gréco-latine », tout en étant assurément très louable, apparaîtra toujours comme tout à fait insuffisante au point de vue oriental, comme tout ce qui ne fait appel qu’à des éléments d’ordre purement « humain ». – Le dernier chapitre, Le Secret du Temple, rappelle à l’attention des Maçons, aujourd’hui trop oublieux de ces choses, les liens, certainement plus qu’« idéaux » quoi que certains puissent en dire, qui les rattachent aux Templiers ; ce n’est qu’une esquisse historique assez rapide, mais néanmoins très digne d’intérêt. Il ne paraît pas douteux que, comme le dit l’auteur, et bien qu’il ait pu y avoir encore autre chose dont cela même n’était qu’une conséquence, les Templiers aient possédé un « grand secret de réconciliation » entre le Judaïsme, le Christianisme et l’Islamisme ; comme nous l’avons déjà dit nous-même en une autre occasion, ne buvaient-ils pas le même « vin » que les Kabbalistes et les Soufis, et Boccace, leur héritier en tant que « Fidèle d’Amour », ne fait-il pas affirmer par Melchissédec que la vérité des trois religions est indiscutable… parce qu’elles ne sont qu’une en leur essence profonde ? Emmanuel Malynski et Léon de Poncins. La Guerre occulte. (Gabriel Beauchesne, Paris). – Ici comme dans les précédents ouvrages de M. Léon de Poncins dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, il y a, pour tout ce qui se rapporte à la critique du monde moderne, beaucoup de considérations très justes ; les auteurs, qui dénoncent avec raison des erreurs communes comme celle qui consiste à croire que les révolutions sont des « mouvements spontanés », sont de ceux qui pensent que la déviation moderne, dont ils étudient plus spécialement les étapes au cours du XIXe siècle, doit nécessairement répondre à un « plan » bien arrêté, et conscient tout au moins chez ceux qui dirigent cette « guerre occulte » contre tout ce qui présente un caractère traditionnel, intellectuellement ou socialement. Seulement, quand il s’agit de rechercher des « responsabilités », nous avons bien des réserves à faire ; la chose n’est d’ailleurs pas si simple ni si facile, il faut bien le reconnaître, puisque, par définition même, ce dont il s’agit ne se montre pas au-dehors, et que les pseudo-dirigeants apparents n’en sont que des instruments plus ou moins inconscients. En tout cas, il y a ici une tendance à exagérer considérablement le rôle attribué aux Juifs, jusqu’à supposer que ce sont eux seuls qui en définitive mènent le monde, et sans faire à leur sujet certaines distinctions nécessaires ; comment ne s’aperçoit-on pas, par exemple, que ceux qui prennent une part active à certains événements ne sont que des Juifs entièrement détachés de leur propre tradition, et qui, comme il arrive toujours en pareil cas, n’ont guère gardé que les défauts de leur race et les mauvais côtés de sa mentalité particulière ? Il y a pourtant des passages (notamment pp. 105-110) qui touchent d’assez près à certaines vérités concernant la « contre-initiation » : il est tout à fait exact qu’il ne s’agit pas là d’« intérêts » quelconques, qui ne peuvent servir qu’à mouvoir de vulgaires instruments, mais d’une « foi » qui constitue « un mystère métapsychique insondable pour l’intelligence même élevée de l’homme ordinaire » ; et il ne l’est pas moins qu’« il y a un courant de satanisme dans l’histoire »… Mais ce courant n’est pas seulement dirigé contre le Christianisme (et c’est peut-être cette façon trop restreinte d’envisager les choses qui est la cause de bien des « erreurs d’optique ») ; il l’est aussi, exactement au même titre, contre toute tradition, qu’elle soit d’Orient ou d’Occident, et sans en excepter le Judaïsme. Quant à la Maçonnerie, nous étonnerons peut-être beaucoup les auteurs si nous disons que l’infiltration des idées modernes, au détriment de l’esprit initiatique, en a fait, non point un des agents de la « conspiration », mais au contraire une de ses premières victimes ; et cependant, en réfléchissant à certains efforts actuels de « démocratisation » du Catholicisme lui-même, qui ne leur ont certainement pas échappé, ils devraient pouvoir arriver, par analogie, à comprendre ce que nous entendons par là… Et oserons-nous ajouter qu’une certaine volonté d’égarer les recherches, en suscitant et en entretenant diverses « hantises » (peu importe que ce soit celle de la Maçonnerie, des Juifs, des Jésuites, du « péril jaune », ou quelque autre encore), fait précisément aussi partie intégrante du « plan » qu’ils se proposent de dénoncer, et que les « dessous » réels de certaines équipées antimaçonniques sont tout particulièrement instructifs à cet égard ? Nous ne savons que trop bien que, en insistant là-dessus, on risque fort de n’être agréable à personne, de quelque côté que ce soit ; mais est-ce là une raison suffisante pour ne point dire la vérité ? Octobre 1936 Léon de Poncins. La mystérieuse Internationale juive. (Gabriel Beauchesne), Paris. – Ce que nous avons dit ici dernièrement, à propos de La Guerre occulte dont M. Léon de Poncins est aussi l’un des auteurs, quant à certaines exagérations concernant le rôle des Juifs dans le monde, et quant à la nécessité de faire en tout cas certaines distinctions, s’applique encore à ce nouveau volume. Il y a assurément beaucoup de vrai dans ce qui y est exposé au sujet de deux « Internationales », l’une révolutionnaire et l’autre financière, qui sont sans doute beaucoup moins opposées réellement que ne pourrait le croire l’observateur superficiel ; mais tout cela, qui fait d’ailleurs partie d’un ensemble beaucoup plus vaste, est-il vraiment sous la direction des Juifs (il faudrait dire plutôt de certains Juifs), ou n’est-il pas utilisé en réalité par « quelque chose » qui les dépasse ? Il y aurait du reste, pensons-nous, une étude bien curieuse à faire sur les raisons pour lesquelles le Juif, quand il est infidèle à sa tradition, devient plus facilement qu’un autre l’instrument des « influences » qui président à la déviation moderne ; ce serait là, en quelque sorte, l’envers de la « mission des Juifs », et cela pourrait peut-être mener assez loin… L’auteur a tout à fait raison de parler d’une « conspiration de silence » à l’égard de certaines questions ; mais que serait-ce s’il lui arrivait de toucher directement à des choses beaucoup plus vraiment « mystérieuses » encore, et auxquelles, disons-le en passant, les publications « anti-judéomaçonniques » sont les premières à bien se garder de faire jamais la moindre allusion ? Hiram. J.-B. Willermoz et le Rite Templier à l’O∴ de Lyon. (Fédération Nationale Catholique, Paris). – Le contenu de ce livre avait paru précédemment sous la forme d’une série d’articles dans la R.I.S.S. ; c’est assez dire dans quel esprit il a été conçu… Assurément, les documents qui y sont publiés, et dont l’essentiel est constitué par la correspondance de Willermoz au cours des négociations longues et compliquées qui devaient finalement aboutir à la constitution du Directoire Écossais Rectifié de la Province d’Auvergne, ces documents, disons-nous, gardent toujours en eux-mêmes leur intérêt historique ; mais que dire des commentaires dont on a jugé bon de les accompagner ? Il est des invraisemblances tellement énormes qu’elles en deviennent comiques ; c’est bien le cas de la présentation de Willermoz et de certains autres personnages (parmi lesquels les chanoines lyonnais d’alors sont plus particulièrement maltraités) comme des serviteurs du « culte du démon » et des gens qui conspiraient pour amener un « retour au paganisme » ! Nous ne sommes certes pas de ceux qui sont disposés à nier « l’intervention du démon dans les choses de ce monde » bien au contraire ; mais qu’on la cherche où elle est réellement ; il est vrai que ce serait un peu plus difficile et plus dangereux que de suivre tout simplement les fausses pistes sur lesquelles ledit démon ou certains de ses représentants ont estimé avantageux de lancer les « chercheurs » plus ou moins naïfs, pour empêcher précisément qu’ils ne risquent de découvrir la vérité… John Charpentier. Le Maître du Secret : Un complot maçonnique sous Louis XVI. (H.-G. Peyre, Paris). – Il ne s’agit pas, comme on pourrait être tenté de le croire, de la fameuse « affaire du Collier » mais d’une histoire toute fictive, où l’on voit bien apparaître un certain nombre de personnages réels, mais où ceux qui tiennent les principaux rôles sont, eux aussi, purement imaginaires. Ce n’est en somme, ainsi que le sous-titre l’indique d’ailleurs assez clairement, qu’une sorte de roman antimaçonnique, qui se distingue surtout par le caractère « anachronique » de certains discours : le langage pourrait en être celui de quelques Maçons politiciens d’aujourd’hui, mais il n’est sûrement pas celui de Maçons du XVIIIe siècle ! Il y a aussi une bizarre histoire de « sujets Templiers initiés ou spéculatifs » (sic), qui se seraient perpétués après la destruction de leur Ordre, et dont le chef serait désigné comme le « Maître du Secret » ; ils auraient rompu toutes relations avec les autres Templiers survivants, qui, eux, auraient fondé la Maçonnerie pour poursuivre leur vengeance ; l’auteur (à qui nous signalerons à ce propos une grosse erreur en ce qui concerne le symbolisme templier du nombre 11, dont nous avons parlé dans L’Ésotérisme de Dante) serait probablement bien en peine de justifier quelque peu sérieusement toutes ces assertions… |
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