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Formes traditionnelles et Cycles cosmiques, René Guénon, éd. Gallimard, 1970 |
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Les articles réunis dans le présent recueil représentent l’aspect le plus « original » peut-être – le plus déconcertant aussi pour nombre de lecteurs – de l’œuvre de René Guénon. On aurait pu l’intituler Fragments d’une histoire inconnue, mais d’une histoire qui englobe protohistoire et préhistoire puisqu’elle commence avec la Tradition primordiale contemporaine des débuts de la présente humanité. Ce sont des fragments destinés à demeurer tels en ce sens qu’il eût été sans doute impossible à Guénon lui-même de présenter cette histoire de manière continue et sans lacunes car les sources traditionnelles qui lui en ont fourni les éléments étaient vraisemblablement multiples. Ce sont des fragments aussi en un autre sens car on n’a pu réunir ici que les textes non encore incorporés dans de précédents volumes soit par Guénon lui-même, soit par les compilateurs de recueils posthumes déjà publiés. Tels quels ces fragments nous ont paru ouvrir tant d’horizons nouveaux pour le lecteur occidental d’aujourd’hui qu’il eût été regrettable de les laisser enfouis en des collections de revues accessibles seulement dans quelques grandes bibliothèques publiques. Nous avons fait allusion à des sources traditionnelles multiples. C’est ici le lieu de rappeler ce qu’a écrit un jour René Guénon, à savoir que ses sources ne comportaient pas de « références ». Cela est plus vrai encore pour les textes ici rassemblés que pour d’autres parties de l’œuvre de Guénon. Aussi le présent recueil est-il destiné, dans notre esprit, principalement aux lecteurs qui ont déjà connaissance de l’ensemble de l’œuvre de l’auteur : la Métaphysique exposée par Guénon sera pour eux la caution de l’histoire de la Tradition. Dans les textes qu’on va lire, c’est surtout ce qui touche à l’Hyperborée et à l’Atlantide qui sera une pierre d’achoppement pour certains, car presque tout ce qui en est dit se trouve à contre-courant des idées qui prévalent, en général, dans le monde scientifique occidental. Les points de convergence seraient, croyons-nous, plus nombreux avec les résultats de la recherche scientifique dans le monde soviétique ; mais ceux-ci sont trop imparfaitement connus ici pour qu’on puisse utilement en faire état. D’ailleurs, étant donné le caractère préhistorique évident des époques auxquelles nous reportent les traditions hyperboréenne et atlantéenne, on ne saurait évoquer que des indices, au mieux quelques faisceaux d’indices, la plupart se situant dans les domaines de l’ethnographie, de la linguistique comparée et des religions. C’est ainsi qu’on pourrait mentionner la communauté de certains rites, la parenté plus ou moins étroite de plusieurs autres, en particulier de la circoncision pratiquée des deux côtés de l’Atlantique. L’architecture et l’archéologie apporteraient sans doute quelques appuis. On sait qu’après l’avoir nié pendant des générations, les savants ont dû, depuis la découverte de quelques cryptes funéraires, admettre que les pyramides du Nouveau Monde étaient à usage, non seulement de temples, mais aussi de tombeaux – et parfois d’observatoires – tout comme celles d’Égypte. Il reste que cet ensemble de données ne peut, encore une fois, du point de vue de la Science officielle, apporter que des indices, non des certitudes, quant à la présence de l’homme dans un continent atlantidien, l’existence même de ce dernier, aux époques géologiques antérieures n’étant plus discutée. L’étude sur les cycles cosmiques par laquelle s’ouvre le recueil en raison de son caractère de préambule, n’offre pas de difficultés particulières, l’existence d’une doctrine des cycles dans la tradition hindoue étant généralement connue en Occident. On sait maintenant que des théories cycliques existent également dans la Kabbale juive et dans l’ésotérisme islamique. Pour donner plus de cohérence à ce recueil, on a retenu seulement, outre les études sur l’Hyperborée et l’Atlantide, celles qui concernent des traditions non chrétiennes ayant eu une influence directe sur le monde occidentale, c’est-à-dire la tradition hébraïque et les traditions égyptienne et gréco-latine. Le Celtisme pourtant n’y figure pas, non plus que l’Islam. Ce n’est pas qu’on mésestime, loin de là, le rôle de ces deux traditions. Simplement, ce qui, dans l’œuvre de Guénon, concerne le Celtisme a été intégré dans le recueil intitulé Symboles de la Science sacrée : ce sont les études sur Le Saint-Graal (chap. III et IV de cet ouvrage), sur La triple enceinte druidique (chap. X), sur La Terre du Soleil (chap. XII), sur Le Sanglier et l’Ourse (chap. XXIV). En ce qui concerne l’Islam, le seul article de Guénon ayant un rapport avec le présent sujet est celui intitulé Les mystères de la lettre Nûn, qui forme le chapitre XXIII des Symboles de la Science Sacrée. Pour les traditions hébraïque et égyptienne, on complétera les études contenues dans le présent recueil par le chapitre XXI du Règne de la quantité et les signes des Temps, sur Caïn et Abel et par le chapitre XX des Symboles de la Science Sacrée intitulé Sheth. Cela étant précisé, il faut ajouter que le volume présenté aujourd’hui ne peut en tout cas être entièrement séparé des trois livres suivants considérés dans leur totalité : Le Roi du Monde, Le Règne de la quantité et les signes des Temps et les Symboles de la Science Sacrée. Nous permettra-t-on d’ajouter que les connaissances cosmologiques traditionnelles renfermées dans ces quatre livres constituent une somme qui n’a sans doute son équivalent dans aucune langue ? Roger Maridort.
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